Interview de Diane Massicotte


1- Les européens ne vous connaissent pas beaucoup, pourtant il semblerait que vous soyez une figure bien ancrée dans le paysage québécois. Pourriez-vous nous en apprendre un peu plus sur votre parcours professionnel, votre métier, vos influences?

J’ai toujours travaillé dans le milieu culturel et artistique. D’abord journaliste au Journal de Montréal, j’ai ensuite occupé plusieurs fonctions dans les différentes stations de radio et de télévision avant d’effectuer des relations de presse, en tant que pigiste, surtout pour la promotion de livres. Mes 30 années de métier m’ont permis de côtoyer tous les intervenants du milieu des arts et de la culture francophone. Aujourd’hui je suis une blogeuse passionnée et je prends plaisir à être branchée sur les médias sociaux.

2- Au sujet de ce livre, comment s’est passée votre rencontre avec Laurent Cayla et comment avez-vous appréhendé l’interview de Laurent en tant qu’ex-toxicomane? Vos sentiments, vos émotions, votre ressenti? Cette interview vous a-t-elle marquée?

J’ai rencontré Laurent Cayla chez-moi, pour une série d’entrevues, en fait 18 heures de conversations enregistrées. J’aborde cette étape dans le texte « Au-delà des apparences », publié sur mon blogue. Lors des entrevues, j’ai souvent eu le souffle coupé tant l’émotion ressentie était forte. Il a fallu que je me mette pour ainsi dire à sa place afin de traduire le plus fidèlement possible le parcours de sa douleur. C’est pourquoi j’ai écrit le livre au « je » et au temps présent. Cette expérience m’habite encore…

3- Quelles ont été vos motivations pour participer à la création de ce livre? Céline Dion? Laurent Cayla? L’association d’éléments qui sortent de l’ordinaire?

J’ai eu un coup de cœur pour l’histoire de Laurent. J’ai tout de suite senti sa passion et son émotion. Le désir aussi de réaliser ce projet de livre. J’ai voulu aider Laurent, à mon tour. Le fait aussi que René Angélil approuvait le projet et était d’accord avec le fait que ce soit moi qui écrive le livre a pesé lourd dans ma décision. De plus la proposition est venue via une amie, Mia Dumont, qui travaille avec Céline et René depuis les débuts de la carrière.

4- Cet ouvrage n’est pas un livre traditionnel, l’exercice d’écriture devait être spécial, atypique? Comment avez vous abordé ce travail original?

C’est le titre « Au-delà de l’image » qui m’a guidée tout au long de la rédaction. Un mot aussi est porteur d’images… Au-delà des photos, au-delà de l’image que le show-business projette, j’ai voulu montrer, si je puis dire, la vie pas banale de Laurent. Au-delà du photographe et de sa caméra, il y a… l’émotion! J’ai abordé cet aspect sur mon blogue, dans mon texte titré « Au-delà de l’image ».

5- La rédaction des textes est le résultat de nombreuses heures d’entretien avec Laurent Cayla. En lisant, nous ressentons une forte violence des sentiments et les mots que vous utilisez pour parler de ses drogues sont froids, durs, brutaux, presque trop vrais… Comment avez-vous vécu cette période durant laquelle nous vous sentons profondément « impliquée »? Avez-vous eu besoin de vous confier à votre tour à votre famille, vos amis? Un peu comme un psy qui suit lui-même une thérapie pour éviter d’être trop affecté par ceux qu’il aide?

« Presque trop vrais« … merci. C’est exactement ce que j’ai voulu reproduire, que le lecteur ressente l’émotion que j’éprouvais en écoutant Laurent. À la limite, comme si le lecteur écrivait le livre… J’ai vécu la période d’écriture en recluse, afin de ne pas perdre le fil et de garder un maximum de concentration. J’ai appelé ça « ma mine de sel », sur mon blogue. Très peu de gens autour de moi connaissaient le sujet de mon livre. C’est essentiel selon moi, si on ne veut pas se laisser distraire de sa trajectoire. Cependant, le prix à payer est risqué. Je le sais maintenant et je dis à mes proches que je suis encore intoxiquée… Votre comparaison avec un psy affecté par ceux qu’il aide, est très juste.

6- Avez-vous participé au choix des photos? Et la sélection des clichés a-t-elle été faite en fonction de l’histoire ou des anecdotes qui vous ont le plus marquée?

J’ai plutôt dû tenir compte des photos choisies par Laurent, en rédigeant mon texte, pour respecter la chronologie des événements liés à Céline et à René. Je les ai certainement regardées une centaine de fois!


7- Si vous deviez retenir une page, une photo, un texte, quels seraient-ils?


Ouf… question difficile. C’est un peu comme demander à une mère si elle préfère les yeux, les cheveux ou la bouche de son enfant! Sur le plan littéraire, j’aime beaucoup le début de la partie 2, que j’ai intitulée « Le monde est stone » (pages 18 et 19). Aussi la partie 6, titrée: « S’il suffisait d’aimer », où j’explique que pour Céline, le show-business est une drogue et qu’elle réussit à garder l’équilibre! Quant aux photos, il y en a trop, je suis incapable de n’en choisir qu’une.


8- Le livre a rencontré le succès au Québec, tant auprès des fans de Céline que des non fans. Comment expliquez-vous la réaction du public?

Le livre rejoint les fans de Céline par les photos et je dirais que le texte peut retenir l’attention des non fans, tout en laissant voir Céline autrement. On peut dire en quelque sorte, qu’il y a deux livres réunis en un seul.


9- Céline est un livre ouvert, elle se plait souvent à le dire, à se confier, à parler d’elle. Pourriez-vous nous dire selon vous ce que cet ouvrage peut apporter de nouveau aux fans de Céline Dion?

Cette histoire de main tendue en est une de générosité humaine, cela touche tous ceux qui ont une dépendance, peu importe qu’on soit star ou non. Les fans savent que Céline et René sont des êtres d’exception et en lisant ce livre, ils ont un exemple, une démonstration, d’une histoire vraie, vécue.

10- Connaissez-vous les raisons d’une commercialisation limitée aux frontières Québécoises? Notre première réaction est l’incompréhension, Céline est une star internationale, son public se trouve en Asie, en Europe, en Amérique… Beaucoup de fans sont frustrés. Y’a-t-il un espoir qu’une traduction de vos textes soit réalisée ainsi qu’une exportation mondiale soit entreprise?

C’est une question de vente de droits à l’étranger. Pour rendre un livre accessible à d’autres pays il faut qu’un éditeur local, si je puis dire, achète les droits afin de le distribuer sur son territoire. Je crois que les négociations en ce sens se poursuivent.

11- Cette année, deux livres fondés sur un concept proche « Book Photos » sont sortis sur Céline: « Céline autour du Monde » (par Gérard Schachmes), et le vôtre, « Céline: Au-delà de l’image ». Vous êtes vous procuré le premier ouvrage, et comment vous positionnez-vous face à ce livre de photos dédié à Céline?

Les deux livres ont été publiés à un an d’intervalle. Je n’ai pas le livre « Céline autour du monde » mais je l’ai feuilleté. Il est évident que la différence entre les deux est que « Céline: Au-delà de l’image », raconte en plus une histoire de grandeur d’âme, de la part d’une star envers un junkie.

12- Le résultat de « Céline: Au-delà de l’image » est sublime. Êtes-vous aujourd’hui, avec un peu de recul, pleinement satisfaite de ce « bébé » auquel vous avez donné naissance?

Merci, j’y ai mis tout mon cœur. Le livre a maintenant une vie autonome. En le lisant, le lecteur donne vie au livre; ainsi il devient son livre.

Nous remercions une nouvelle fois Diane d’avoir pris le temps de répondre à nos questions. Elle a su se placer avec brio dans la peau de Laurent Cayla et ainsi retracer fidèlement son histoire. Les fans de Céline peuvent ainsi comprendre et appréhender différemment les photos contenues dans cet ouvrage.

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